Renaud Garcia-Fons a composé une musique originale pour le film de Lotte Reiniger « Les Aventures du Prince Ahmed » . Ce film entièrement composé de silhouettes de papier découpé est considéré comme le premier long-métrage d'animation de l'histoire du cinéma allemand. Il comporte 300000 images et l'on comprend donc qu'il ait fallu plus de trois ans à Lotte Reiniger pour le réaliser. Inspirées des contes des Mille et une nuits, Les Aventures du prince Ahmed
transportent dans un univers magique peuplé de princesses en fuites, d¹amours contrariées, de luttes entre les forces du bien et du mal.
C'est en sextet que cet ensemble regroupé autour de Renaud Garcia-Fons accompagne live la projection du film.
Lorsque j'ai vu pour la première fois Die abenteuer des Prinzen Achmed, dès les premières images, je me suis senti transporter dans un monde onirique faits de mystères, d'aventures, de passions et de retrouver avec fascination un genre d’émotion que je n’avais pas ressenti depuis ma plus tendre enfance. Ce film d’animation de Lotte Reiniger touche en profondeur, tant par l’épopée universelle qu’il dépeint que par son esthétisme, d’une poésie et d’une beauté extrême, sachant marié le raffinement et la magie d’un orient mythologique.
Écrire une musique pour ce chef d’oeuvre de l’art cinématographique Allemand est pour moi une gageure et un enjeu tout particulièrement excitants.
Pour souligner la modernité de cette oeuvre, le travail de composition doit à mon sens puiser à la racine des sons et des timbres en utilisant un nombre restreint d’instruments (6 musiciens)
Inscrire l'oeuvre dans l'époque contemporaine et souligner son universalité suppose également de l’accompagner par une musique pluriculturelle en réunissant dans une même partition des instruments de la tradition orientale, comme le luth, le târ (luth iranien), le zarb (percussion iranienne), les tablas, la flûte bansuri (Inde) et des instruments appartenant plus particulièrement au monde occidental comme le clavier marimba, l’accordéon, la contrebasse dans toute sa polytimbralité ainsi que les flûtes basses et octobasse.
Il s’agit en fait de réunir et d’intégrer, d’une part l’esthétique oriental par le jeu des timbres, des modes, des ornements et des rythmes et d’autre part l'esthétique occidentale par l'écriture harmonique, l'orchestration, la structure des compositions, et la dimension symphonique.
Cette oeuvre évoque à mon sens également la “chanson de geste” médiévale, ce qui doit conduire à accorder une importance toute particulière à la mélodie, au “chant” et au lyrisme même si cette musique sera purement instrumentale. En même temps, comme pour toute épopée, la musique devra soutenir toute la dramaturgie et les scènes d’action et de combat par un travail percussif et orchestral.
après plusieurs projets tournés vers l'Espagne, la Méditerranée et le proche-Orient, ce projet est pour moi l’occasion de pousser encore plus loin vers l'orient mes sources d’inspiration puisque le récit nous mène jusqu'en Chine, et d’établir en musique un trait d’union entre l’orient et l’occident.
Il me plaît également à penser que ce projet sera sans aucun doute une réalisation culturelle à dimension Européenne puisque c’est à un compositeur franco-espagnol que reviendra le plaisir de réaliser une musique pour cet oeuvre au caractère exceptionnel du cinéma Allemand.
Renaud Garcia-Fons